« Wagner n’a pas eu d’effet positif dans la lutte contre le terrorisme au Sahel »
DR. Bakary SAMBE, Timbuktu Institute
Les pays africains ayant recours à Wagner ont comme argument la volonté d’assurer leur sécurité. C’est le cas du Mali où ce groupe intervient dans la lutte contre le terrorisme. Toutefois, les résultats ne sont pas souvent au rendez-vous. « L’intervention de Wagner, bien que contestée par certains pays, n’a pas eu d’effet positif dans la lutte contre le terrorisme au Sahel », a affirmé le Dr Bakary Sambe.
Pour le président fondateur de Timbuktu Institute, les chiffres et les don- nées de terrain sont catégoriques le Mali a enregistré 71% de toutes les attaques au Sahel en 2022. C’est durant cette année-meme, révèle-t-il, que le Mali est arrivé à son plus grand nombre de victimes du terrorisme au cours de la dernière décennie, avec un nombre de décès qui a augmenté de plus de 50 %.
« De nombreux rapports sont revenus sur le fait qu’en 2022, sur les cinq premiers mois du partenariat Mali-Wagner, 456 décès sont enregistrés sans parler des tristes évènements de Dangere-Wotoro de Moura, de même que les exactions qui ont été re- levées dans le rapport de la Minusma qui a été l’une des pommes de discorde entre Bamako et la Mission onusienne », explique le spécialiste.
Selon lui, ces faits interpellent sur la nécessité de s’appuyer sur des armées régulières formées et équipées au lieu de privatiser la lutte contre le terrorisme, comme il est tout aussi important de rompre d’avec la sous-traitance de la sécurité de nos Etats avec des présences et interventions militaires étrangères qui ont montré toutes les limites au Sahel. La parade de la mutualisation des forces africaines reste une option, le temps d’opérationnaliser tous les dispositifs en veilleuse ou en attente », préconise le Dr Sambe.