Tribune politique : 80 universitaires et personnalités de la société civile appellent encore à la résistance
Les tribunes contre le pouvoir se suivent et se ressemblent. 80 universitaires à majorité de l’UCAD et personnalités de la société civile comme le cinéaste Moussa Sène Absa dans une tribune appellent encore à la résistance. Voici la déclaration.

La construction de la démocratie sénégalaise a certes connu de multiples secousses mais personne ne pouvait assurément s’attendre à ce qui se déroule aujourd’hui sous nos yeux : le triomphe d’un terrorisme d’État qui ne juge même plus nécessaire de soigner les apparences de ses crimes, délits et forfaitures.
Les événements qui se suivent au Sénégal, depuis mars 2021, avec leurs lots de morts, d’abus et de détournements des institutions, des lois et des corps administratifs, dans le but de servir les intérêts d’un régime politique qui entend garder le pouvoir à tout prix, représentent un tournant inédit dans l’histoire récente de notre pays. L’objectif de cette désinvolture semble être de nous faire peur, de nous désespérer du présent et de l’avenir et, enfin, d’abandonner notre pays à une minorité mafieuse manifestement assistée de cabinets occultes dans la désinformation, l’intoxication et la répression sanglante.
L’exécution publique et politique de monsieur Ousmane Sonko a déjà occasionné trop de crimes et de violations des droits humains et politiques des Sénégalais. Elle a déjà fait beaucoup trop de mal à l’idée que les Sénégalais se font de leur histoire politique, culturelle et religieuse et au rôle que leur pays doit jouer à l’échelle régionale et internationale, pour une citoyenneté globale plus juste, équitable et responsable, mais aussi pour des vies plus dignes et meilleures.
C’est pourquoi, l’atmosphère politique totalitaire dans laquelle se trouve présentement le Sénégal avec des périls imminents sur la démocratie, l’État de droit, la justice et les droits humains, commande que nous nous départissions de toute indifférence ou insouciance. Elle exige de nous une conscience vigilante et surtout agissante. La paix civile et le vivre-ensemble harmonieux, qui s’affirmeraient en dépit de nos différences et de nos divergences, ne seraient possibles que dans un espace où la justice, l’égalité et les principes élémentaires sur lesquels repose l’idéal démocratique sont garantis.
Il est donc de notre devoir de résister lorsque le droit de milliers d’individus de choisir librement leur dirigeant est notoirement violé (dissolution illégale de PASTEF, emprisonnement arbitraire de Ousmane Sonko et de plus d’un millier de ses militants et sympathisants, refus de la DGE de lui délivrer un kit de parrainage dans le plus grand mépris de l’ordonnance du tribunal de Grande Instance de Ziguinchor, remplacement des membres de la CENA dans des circonstances et conditions ubuesques, annonce faite de ne pas respecter une décision de justice émanant de la CEDEAO qui lui serait favorable).
Nous convions nos compatriotes à faire valoir leur droit naturel, imprescriptible et inaliénable de résistance citoyenne face aux manigances sur la participation et la compétition électorales, face à l’écrasement de l’opposition ainsi qu’à la volonté de mise à mort politique de Ousmane Sonko.
Nous appelons toute la communauté internationale, et particulièrement les USA et l’Union européenne à refuser, devant l’histoire, d’être des complices du supplice du peuple sénégalais et de la violation de ses droits élémentaires pour se choisir librement et démocratiquement le leadership politique qui correspond à ses aspirations légitimes. Nous les appelons à faire preuve de vigilance relativement à la manière dont les droits humains des Sénégalais.e.s sont bafoués, réprimés et criminalisés.
Nous mettons en garde toute puissance néocoloniale qui, en soutenant un oppresseur, se montrerait complice de répression, d’assassinat et de torture.