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Touba : les interdits dans la ville sainte

Les autorités religieuses de Touba sont plus que jamais déterminées à se conformer aux valeurs cardinales sur la base desquelles Cheikh Ahmadou Bamba l’a créé. Il est question du respect scrupuleux des préceptes de l’islam pour les fidèles résidant ou non dans la ville sainte. C’est ainsi qu’un ensemble de mesures a été édicté par le Khalife général des mouride, Serigne Mountakha Bassirou MBACKÉ et mises en œuvre par les « baay faal ».

L’histoire rappelle que dans l’enceinte de Touba, les principes de vie énoncés par le fondateur ont été mis en place par Cheikh Abdoul Ahad Mbacké (troisième Khalife) à travers une lettre adressée le 18 septembre 1980, au procureur de la République du Sénégal, auprès du Tribunal régional de Diourbel. Dans cette correspondance étaient répertoriées toutes les pratiques prohibées à Touba (consommation de boissons alcoolisées, cigarette, musique, manifestations folkloriques et pratique des jeux de hasard, etc.). Ces interdictions s’adressaient en premier lieu aux résidents, mais aussi à tout visiteur. La préservation de « l’entre-soi » devient commune à tous, une fois à Touba.

L’installation d’une brigade de gendarmerie en 1986, sur demande expresse du khalife pour faire préserver ces acquis s’inscrit dans cette ligne de conduite ensuite d’un commissariat de police en 2005. Si les mourides perçoivent Touba comme leur cité idéale, c’est parce qu’elle est dotée avant tout d’un caractère tutélaire, renforcé par le titre foncier privé appartenant au Khalife Général des mourides et par le rêve d’une cité bénite, sanctifiée par son fondateur Serigne Touba.

Chez les mourides, le fondateur est Serigne Touba : « le maître de Touba ». Celui qui se déclare mouride a un lien d’allégeance envers celui qui possède Touba. Le capital symbolique se construit sur les modes de représentation du mouride par rapport à sa terre sacrée et à son maître vénéré. Touba, perçue à l’origine comme un espace-refuge, une terre d’asile, inviolée et inviolable (des personnes s’y réfugiaient pour échapper aux colons français) est progressivement devenue l’espace où tout mouride convoite une terre. Le rapport existentiel du mouride à Touba est celui d’une terre divine : mourir à Touba est l’objectif ultime.

Les interdictions nouvellement réitérées qui frappent Touba sonnent l’alerte d’une nouvelle reconfiguration de la ville sainte sous l’égide des Baye-faal, qui sont à pied d’œuvre depuis le 2 août. Les meetings et réunions politiques, ainsi que les activités folkloriques dont la danse, la musique, l’usage de tam-tam ou de bongo, les matchs de football, les jeux de hasard, la vente d’alcool, de tabac, entre autres, sont bannis dans la cité. Comme pour constater que Touba semble sortir du giron étatique.

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