ActualitésPolitique

Ousseynou Ly;Ministre Conseiller -Porte parole de la présidence « On veut gouverner pour le peuple; mais avec le peuple »

OUSSEYNOU LY, MINISTRE-CONSEILLER, PORTE-PAROLE DE LA PRESIDENCE « On veut gouverner pour le peuple, mais avec le peuple »

Monsieur le ministre-Conseiller et porte-parole de la Présidence, qu’avez-vous retenu du premier discours du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye devant ses homologues africains, lors des travaux de la 38e session ordinaire du Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba ?

Un discours et un engagement à la hauteur de la place qu’occupe notre pays dans cette instance. Le Sénégal est respecté par ce qu’il incarne en termes de leadership, de démocratie, mais surtout de stabilité institutionnelle. Il demeure un interlocuteur fiable avec qui engager les réformes de nos instances régionale, sous-régionale et continentale.

Un discours et une gouvernance qui inspirent au-delà de nos frontières, car cette session a été l’occasion de discuter des questions mémorielles et de réparation aux Africains. A ce propos, le Sénégal a eu une avancée remarquable en commémorant, pour la première fois, le massacre de Thiaroye en 1944.

En plus de cette ligne diplomatique traditionnelle prônant la paix et la fin des inégalités, le Chef de l’Etat porte également un discours de souveraineté, car le contexte géopolitique mondial actuel démontre combien il urge pour nos Etats de prendre en charge eux-mêmes leur développement et tracer leur futur.

Comment mesurez-vous l’image du Sénégal et son positionnement international à l’aune de l’action diplomatique et de l’aura du Président ?

Depuis l’élection du Président Bassirou Diomaye Faye, le Sénégal a renforcé son rayonnement sur la scène internationale à travers une diplomatie fondée sur la souveraineté, le partenariat gagnant-gagnant et l’intégration africaine. En quelques mois, le Président a réussi à incarner un nouveau leadership africain et marquer sa présence à des rendez-vous stratégiques comme l’Assemblée générale des Nations Unies, le Forum sino-africain, et des rencontres de haut niveau avec des dirigeants majeurs.

Son discours à l’ONU, plaidant pour un multilatéralisme plus équitable et une meilleure représentation des pays africains, a été largement salué. Il a également mis en avant des positions claires sur les grands enjeux mondiaux, notamment la paix et la justice internationale, renforçant ainsi l’image du Sénégal comme un acteur engagé et respecté.

Sur le plan économique et stratégique, le Sénégal a consolidé des relations clés avec des partenaires internationaux, tout en défendant ses intérêts nationaux. L’entrée du pays dans l’ère pétrolière avec le champ Sangomar, la signature d’accords d’investissements structurants et le lancement de projets innovants comme GAINDESAT-1A, illustrent cette dynamique. La diplomatie économique du Président Faye attire des opportunités, tout en affirmant une posture de souveraineté et de responsabilité.

Le Sénégal avance-t-il mieux dans sa coopération internationale depuis que le Président a inauguré un nouveau paradigme de coopération «repensée» qui met sur le même pied tous les partenaires du Sénégal, mais remet en cause beaucoup de situations établies ?

La nouvelle approche de coopération internationale de Son Excellence Bassirou Diomaye Faye a trouvé un écho favorable auprès de nos partenaires. Cette approche, combinée à son style de leadership sobre et efficace, renforce l’attractivité du Sénégal et son positionnement comme un modèle de gouvernance en Afrique. Dans ce nouveau paradigme, il n’est pas question de remettre en cause des partenariats, mais il s’agit de les diversifier et de privilégier ceux qui sont à même de s’aligner à notre exigence de souveraineté et à une prospérité partagée.

L’actualité est marquée par la publication du Rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des finances publiques de 2019 à 2024. Quelle lecture en faites-vous ?

A mon niveau, il y a deux lectures à faire. La première qui revient sur l’exercice de transparence auquel le nouveau régime a voulu se soumettre, car c’est à l’article 1.7 du Code de transparence qu’il est bien mentionné l’exigence d’établir les comptes publics, lorsqu’un nouveau Président de la République est élu, et l’obligation de certifier ce travail par la Cour des Comptes. Sur ce côté, il faudrait servir un satisfecit au nouveau pouvoir, car le régime sortant n’a jamais respecté ce principe établi par les textes qu’ils ont eux-mêmes fait voter, notamment la loi 2012-22 du 27 décembre 2012. Outre ce besoin de respecter la loi, il était important pour les nouvelles autorités d’établir une situation de référence pour savoir et faire savoir ce qu’il en était de nos deniers publics. Et cela s’explique, car c’est quand nous étions dans l’opposition que nous avions une idée de la dilapidation de nos ressources budgétaires, et à l’époque nous avions alerté.

L’autre lecture à faire, comme l’a dit le Président de la République, c’est de se faire exhaustivement une idée de l’ampleur du chantier de la reconstruction, et à partir de là, établir une méthodologie et mettre en œuvre les actions nécessaires pour sortir de cette situation. On agit mieux quand on sait ce à quoi on fait face. Cependant, puisque les citoyens sont au cœur de notre action politique, et que des actions seront entreprises, il est important de leur expliquer comment compte procéder le gouvernement. Dans cette phase d’adhésion populaire sur les actions à venir, le pilier central est l’information. On veut gouverner pour le peuple, mais avec le peuple.

Est-ce que vous vous attendiez à des révélations d’une telle ampleur ?

Dès lors que l’audit de l’inspection générale des finances (IGF) avait décrit une situation calamiteuse, en bons gouvernants, les autorités avaient déjà intégré le fait que la situation pouvait évoluer encore dans le mauvais sens. Certes il faut anticiper, mais il faut un caractère exhaustif de l’audit pour savoir comment agir. C’est ce que vient de faire la Cour des Comptes.

Dans la foulée, des révélations de la Cour des Comptes, le Secrétaire général du gouvernement annonce des mesures d’austérité. Impératif ? Ne redoutez-vous pas des impacts sur l’économie, sur les populations et des contrecoups en termes de mécontentement si le coût de la vie devait encore augmenter ?

Il est encore trop tôt pour parler d’austérité, car économiquement cela donne une autre résonance. Il s’agit de mesures fortes annoncées par le Secrétaire général du gouvernement qui visent à réduire les dépenses et augmenter les recettes de l’Etat en évitant de répercuter les impacts de ces mesures sur le ‘’gorgorlu’’ sénégalais. Jusqu’ici, il n’a jamais été question de faire supporter aux populations le fardeau de cette situation héritée. Au contraire, je rappelle que c’est dans cette situation que le Président de la République avait décidé de la réduction des prix des denrées de première nécessité et de bien subventionner la campagne agricole de 2024, en plus des dettes payées aux opérateurs. Donc, ce n’est pas aujourd’hui que les autorités vont abandonner ceux qui leur font confiance.

Ces mesures ne concernent pas tous les Sénégalais. Elles visent une catégorie de personnes et d’acteurs qui pourront être résilients aux réformes à venir pour augmenter les recettes et aux décisions financières collégiales pour réduire le train de fonctionnement de l’Etat.

Au-delà des constats, le Chef de l’Etat qui s’inquiète des marges de manœuvres quasi-inexistantes compte faire preuve de résilience en annonçant des solutions innovantes et durables. Comment sortir de cette impasse au-delà des mesures d’austérité annoncées ?

Résilience ! Voilà le mot. Le Président l’a rappelé à son retour d’Addis-Abeba, l’Etat ne compte pas se dérober et trouvera, en urgence, toutes les solutions appropriées pour redresser les finances de ce pays et mettre en œuvre sa vision d’un Sénégal juste, souverain et prospère.

Pour ce qui est de la réduction des dépenses, je rappelle que des actions sont déjà en cours. La rationalisation des missions à l’étranger, la centralisation et la priorisation des investissements à aligner avec les lettres de politique sectorielle des ministères, la digitalisation de certains services pour lutter contre la corruption, la réduction de la facture d’énergie de l’Etat, et l’allégement des charges au niveau des structures de l’Etat : pas de dépense de prestige ni de recrutement ou placement de personnels politique.

A côté de ces actions déjà en cours, il y a d’autres actions d’envergure à venir, à savoir la centralisation de la commande publique, la rationalisation des structures de l’Etat, les réformes des différents codes (Impôts, Mines, Douanes…), la rationalisation des exonérations fiscales, sans oublier la renégociation des contrats portant sur les ressources naturelles pour capter plus de recettes.

L’Alliance pour la République dit ne pas reconnaitre le Rapport de la Cour des Comptes qu’elle attribue au Premier ministre Ousmane Sonko. Elle parle même de manipulation. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Avez-vous une fois vu un malfaiteur féliciter un policier ou un juge pour avoir fait correctement son travail ? Le contraire nous aurait surpris venant de ceux qui n’ont jamais respecté la loi et ont pillé les ressources de ce pays. En douze ans, leur comportement est digne d’une souris affamée devant un fromage : faire des trous partout.

L’opposition dénonce des règlements de comptes à la place de la reddition des comptes, des acteurs de la société civile appellent à la dépolitisation de l’exercice. Peut-on réellement dénier des velléités politiques derrière ?

Bon nombre d’acteurs de l’opposition, candidats à l’élection présidentielle de 2024, s’étaient engagés à faire la reddition des comptes. Si aujourd’hui nous le faisons et qu’ils le décrient, c’est qu’on doit s’interroger sur la bonne foi de leur promesse. Il serait honnête pour tous ceux qui veulent s’ériger en défenseur des libertés de nous dire exactement où et quand la politique s’est introduise dans la reddition des comptes. Ils ne pourront pas le dire. En bon républicains, d’ailleurs, certains nous le reprochent, nous avons décidé de laisser la Justice faire son travail en toute sérénité tel que le recommande la séparation des pouvoirs.

Pour la reddition des comptes, je rappelle qu’il y a plusieurs dossiers en instruction actuellement, alors pourquoi vouloir crier juste pour un seul dossier. Ceci est qualifiable à une apologie à l’impunité.

Après la bérézina qu’elle a essuyée à la Présidentielle et aux Législatives, l’opposition semble reprendre du poil de la bête avec le lancement du Front pour la défense de la démocratie et de la République. Quel commentaire faites-vous de cette nouvelle donne politique ?

Nous avons choisi la démocratie. Et en démocratie, l’opposition est admise. Donc rien d’extraordinaire à ce niveau. Par contre, il n’y a pas de nouvelle donne. Il y a juste un regroupement de ceux qui ont été chassés par les Sénégalais et ceux qui ont voulu les remplacer et qui n’ont pas été choisis. Je leur souhaite bon courage et leur conseille de parler aux Sénégalais et non de parler de Sonko aux Sénégalais.

Après la Présidentielle et les Législatives, peut-on s’attendre à des Locales anticipées cette année ?

L’heure n’est pas aux compétitions électorales. L’heure est à la compétition de compétences et de vertus pour la matérialisation de la vision Sénégal 2050 en commençant par la stratégie nationale de développement (quinquennal) 2025-2029.

Partagez-vous l’avis de ceux qui pensent que c’est la fin de l’état de grâce avec la multiplication des mots d’ordre de grève et de revendications du monde syndical ? La Présidence est-elle attentive à ces signaux ?

Si c’est état de grâce dans le sens de ne pas travailler et être épargné, non. Nous n’étions pas dans ça, car en moins d’un an, beaucoup d’actes ont été posés et cela n’a pas empêché aux Sénégalais de se faire une opinion. Mais la majorité aujourd’hui est consciente que ce qui a été détruit au Sénégal pendant ces douze dernières années et même au-delà, ne peut être reconstruit en un claquement des doigts. C’est un travail de co-construction quotidien auquel le Président invite tous les Sénégalais. Les acteurs sociaux de tous les secteurs d’activités y trouveront leur place.
(VOX POPULI)

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page