Macky Sall : « Il n’y a jamais eu de manifestations contre le troisième mandat où il y a eu un seul mort »
Invité de France 24 et RFI, le Président Macky Sall a indiqué que les morts lors des manifestations au Sénégal n’étaient pas dus aux mouvements d’humeur contre le troisième mandat. Il est pour la première fois revenu sur la dissolution de PASTEF.

A la surprise quasi générale vous aviez décidé de renoncer à briguer un troisième mandat. Mais est ce que ce n’est pas entendu la clameur de la rue et les conseils de certains amis ?
Il est important de dire que j’ai le droit si c’était ma volonté. Juridiquement rien ne m’empêchait de concourir pour un second quinquennat. Juridiquement il n’y avait pas de débat là-dessus. Maintenant j’étais devant mes responsabilités (..)On m’a prêté des intentions sur la base desquelles son a voulu pendre le Senegal en noir, sa démocratie alors qu’il n’en était rien. Après avoir apprécié j’ai estimé que la meilleure démarche était de ne pas tenter ce second quinquennat qui est de droit mais ce n’est pas parce que c’est de droit que je devais le faire surtout si cela doit couter en vies humaines.
Quand vous avez vu les manifestations, les morts vous vous êtes dit il est temps d’arrêter ?
Attention les morts il n’ont rien avoir avec le troisième mandat. Les morts sont la conséquence d’un appel à l’insurrection suite à des problèmes politico-juridiques sur cette base qu’il y a eu des morts. Il n’y a jamais eu de manifestations contre le troisième mandat ou il y pas eu un seul mort. Il ne faut pas que l’on mélange les choses.
Vous ne craignez pas que par le choix d’Amadou BA qui ne fait pas l’unanimité vous allez fracturer votre coalition ?
Non je ne peux pas fracturer une coalition que j’ai mise en place entretenue depuis 12 ans.
Ce n’est pas la vôtre ?
Si parce que je reste le Président de la coalition. Je ne suis pas candidat, je reste le Président de mon parti jusqu’à nouvel ordre. J’ai reçu mandat de la coalition de designer et j’ai voulu que ce choix soit collectif. Discuter avec les différents acteurs que j’ai consultés et qui la plupart était de mon parti. Et c’est normal qu’il y ait des résistances. Au bout du compte, nous avons vu le processus d’alignement et d’acceptation. Il y a deux ou trois personnes qui pensent qu’ils peuvent être candidats et cela est très normal, c’est leur liberté et leur droit. Je pense qu’avant le dépôt des candidatures il y aura des discussions qui permettront d’arriver à une convergence totale. A défaut, l’essentiel a été bâti autour de cette candidature pour donner des chances à la majorité de l’emporter dès le premier tour.
Mais il y aura des poids lourds de l’opposition ? Ne craignez-vous pas que votre candidat soit battu ?
Amadou BA est le candidat d’une majorité. Certes son poids personnel va jouer mais il part avec l’atout que les autres n’ont pas il y aura une majorité qui le soutient. Et c’est tout cela qu’il faut mettre sur la balance. Il a le soutien du Président et tout cela mis sur la balance lui permettra de battre ses adversaires. C’est ma conviction qu’il gagnera.
Ousmane Sonko est en prison. Est-ce une cabale pour écarter un adversaire politique ou est-il réellement un homme dangereux ?
Son dossier est pendant devant la justice. Je me défendrais de faire quelconque commentaire là-dessus. Mais je précise que i y a quelques mois on disait que tout cela était dû au fait que le Président voulait faire un troisième mandat maintenant on dit que l’on veut éliminer un adversaire. Ce sont des arguments que l’on peut attendre sur le débat politique.
On parle de son accointance avce la mouvance Islamiste ?
Ce n’est pas mon entourage se sont des faits que tout le monde connaît. En tant que journaliste même vous devez vous informer pour connaître les tenants et les aboutissants. Ce que je sais c’est que le Sénégal a fait l’objet d’une agression sur différentes forces obscures pensant que l’on peut mettre la main sur le pays. Et c’est une grosse illusion parce que le Senegal est une démocratie solide. Et je veillerai jusqu’à ce que je rende le pouvoir que ce pays ne soit pas déstabilisé et quel que soit les auteurs ou leurs complices. C’est un engagement que je prends devant les sénégalais et que je respecterai. La Justice maintenant quel que soit les chefs d’accusations, aura l’occasion de revenir sur tel ou tel fait. Il y a des forces islamistes, des forces politiques y compris en France. C’est un conglomérat d’intérêt qui pensait mettre la main sur le Sénégal. C’est une illusion et ils ont échoué lamentablement.
Le Pastef a été dissous. La société civile proteste condamnant un rétrécissement des libertés publiques.
L’élection de février est ouverte pour tous ceux qui peuvent y concourir. Et il appartiendra au conseil constitutionnel de définir qui peut concourir ou pas. Et ça c’est la loi. Rappelez-vous qu’il y a d ’autres années d’autres acteurs n’ont pas participé
Le Pastef représente une partie de l’opinion sénégalaise
Les partis politiques ont des obligations. Un parti qui bénéficie de la loi ne peut pas appeler à l’insurrection a longueur de journée et ne peut pas poser des actes qui sont répréhensibles. Et la loi est très claire, quand un parti sort de son droit il est dissous. Ce n’est pas la première fois qu’un parti est dissous au Sénégal. Il y a des voies de recours. En France aussi on dissout des organisations. Comment voulez-vous que dans une démocratie que l’on admette qu’un parti appelle tous les jours à la destruction de l’Etat est du pays. On n’a fait qu’appliquer la loi.