Les gros obstacles au développement économique de l’Afrique… Mines, contenu local, contrats…
La Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a présenté son rapport 2023 sur le développement économique en Afrique intitulé « Montée en puissance de l’Afrique dans les chaines d’approvisionnement mondiale ». Le rapport souligne que la création d’un environnement propice aux industries à forte intensité technologique permettrait une augmentation des salaires sur le continent, actuellement fixés à un minimum de 220 dollars par mois, contre une moyenne de 668 dollars dans les Amériques. Une intégration plus poussée dans les chaînes d’approvisionnement mondiales permettrait également de diversifier les économies africaines et de renforcer leur résistance aux chocs futurs.
L’abondance en minéraux et métaux essentiels en Afrique, comme l’aluminium, le cobalt, le cuivre, le lithium et le manganèse, composants vitaux pour les industries à forte intensité technologique, fait du continent une destination attrayante pour les secteurs manufacturiers. Ce qui est opportun alors que les récents bouleversements causés par les turbulences commerciales, les événements géopolitiques et une conjoncture incertaine obligent les fabricants à diversifier leurs sites de production.
En dépit de ces opportunités, le continent fait face à différents obstacles qui ne sont pas nécessairement nouveaux. Il y’a certes une abondance de matières premières, mais la manière dont les contrats miniers sont développés en Afrique où il n’y a pas nécessairement un contenu local dans les différentes partenariats entre les entreprises étrangères et les entreprises africaines.
Le premier obstacle est la mise en œuvre des politiques. Il y’a eu 17 pays en Afrique qui ont élaboré des politiques pour renforcer le contenu local, parmi lesquels, seulement cinq (5) mettent en œuvre cette politique.
Il y’a aussi la problématique de l’accès aux financements car beaucoup d’entreprises africaines peinent à répondre aux conditions posées par les banques commerciales et d’investissement pour l’accès aux crédits. Ce mécanisme de financement des chaines d’approvisionnement permet aux entreprises de partager les conditions avec les entreprises étrangères.
Les blocages notés dans l’application du contenu local sont liés à un manque d’information, de suivi et contrôle. D’intéressantes politiques de réforme sont élaborées pour soutenir les secteurs privés locaux africains mais le contrôle te le suivi n’est pas souvent rigoureux selon Habiba Ben Barka, cheffe de la section Afrique à la conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement.
Le rapport indique que les petites et moyennes entreprises africaines ont besoin de plus de financement des chaînes d’approvisionnement, ce qui permet de réduire les délais de paiement entre les acheteurs et les vendeurs, d’améliorer l’accès aux fonds de roulement et de réduire les contraintes financières.
Selon le rapport, la valeur du marché africain du financement des chaînes d’approvisionnement a augmenté de 40 % entre 2021 et 2022, atteignant 41 milliards de dollars. Mais cela ne suffit pas.
Le continent peut mobiliser davantage de fonds en éliminant les obstacles au financement des chaînes d’approvisionnement, notamment les défis réglementaires, la perception des risques élevés et l’insuffisance de renseignements en matière de crédits.
La CNUCED souligne également la nécessité d’un allègement de la dette pour offrir aux pays africains une marge de manœuvre budgétaire leur permettant d’investir dans le renforcement de leurs chaînes d’approvisionnement, étant donné qu’ils paient en moyenne quatre fois plus pour emprunter que les États-Unis et huit fois plus que les économies européennes.