Sécurité dans le Sahel : « le Sénégal a su s’adapter à l’évolution des menaces… » MFA
Le Directeur de Cabinet du Ministre des Forces armées Mady Bathily à l’occasion de la rentrée académique du CHEDS 2023 – 2024 a indiqué que le Sénégal malgré l’expansion des velléités djihadistes dans le Sahel a su s’adapter à l’évolution des menaces, en impulsant, chaque fois que de besoin, un souffle nouveau à ses instruments de défense et de sécurité, notamment à sa diplomatie.

La rentrée académique du centre des hautes études de défense et de sécurité 2023-2024 a eu lieu ce jeudi matin. La leçon inaugurale portait sur le thème : « Les réponses diplomatiques aux menaces sécuritaires dans le Sahel ». Le Directeur de Cabinet du Ministre des Forces armées Mady Bathily a rappelé que le Sahel, est confronté à d’innombrables menaces sécuritaires. De multiples menaces sécuritaires s’inscrivent dans un contexte mondialisé, a-t-il dit. « Il faut reconnaître que ce monde, en perpétuel mouvement, n’est plus cloisonné : les frontières se sont ouvertes nolens volens, les barrières commerciales sont ébranlées, l’économie libérale imprime le cours du monde et les réseaux de communication interconnectent jusqu’aux recoins les plus reculés du globe ».
Il apparaît, a-t-il fait savoir, donc tout à fait naturel que les menaces sécuritaires aient suivi les mêmes sillons que ceux de la mondialisation et des rivalités géopolitiques. « Ainsi, les menaces hybrides et leurs métastases, qu’il s’agisse de la criminalité transnationale ou du terrorisme planétaire, compromettent gravement notre sécurité et nos intérêts politiques, sociaux et économiques. Les exilés créent un terreau favorable à la déstructuration de nos Etats et, de ce fait, constituent de nouvelles priorités sécuritaires qui nous imposent de repenser nos stratégies et nous obligent à entreprendre les nécessaires transitions comportant les réponses les plus adaptées ».
A l’évidence, dira le Directeur de cabinet, l’aspiration à un environnement pleinement sécurisé se présente comme l’un des plus grands défis de notre époque, une condition intangible pour l’épanouissement dans toutes les dimensions de la vie et un prérequis pour le développement de tout Etat. « Elle est devenue une demande pressante dans le Sahel, revêtant parfois les traits d’une exigence politique comme l’ont montré les soubresauts qui ont précédé les changements anticonstitutionnels de gouvernement dans la sous-région. » Et une des conditions sine qua non pour matérialiser cette aspiration à la sécurité suppose la mobilisation, en permanence, d’un large spectre de ressources humaines et matérielles dans une approche systémique combinant les réponses étatiques et sociétales, a-t-il ajouté.
Il a souligné par ailleurs que, depuis plus d’une soixantaine d’années, le Sénégal a su s’adapter à l’évolution des menaces, en impulsant, chaque fois que de besoin, un souffle nouveau à ses instruments de défense et de sécurité, notamment à sa diplomatie. « L’une des preuves les plus significatives du rayonnement de la diplomatie sénégalaise se traduit par les nombreuses sollicitations dont notre pays est l’objet en matière de contributions au maintien de la paix et de la sécurité internationales. Notre pays a très tôt pris conscience que sa sécurité était consubstantielle à celle des Etats voisins, d’où le choix assumé sans complexes de mener à leur égard une politique de bon voisinage et de prédisposer nos modestes ressources à les assister en cas de besoin, dans la mesure du possible » a-t-il fait savoir.
Le Général de Brigade Jean Diémé Directeur général du Centre des Hautes Etudes de Défense et de Sécurité aux auditeurs de la promotion sortante dira qu’ils sont désormais assujettis à l’obligation d’apporter leur contribution à la sécurité de nos Etats. A la promotion entrante, il rappellera que les défis qui ponctueront cette année académique nécessiteront de leur part, d’abord, de la curiosité, de l’esprit critique et des prédispositions permettant de franchir le Rubicon des modèles quelquefois surannés de doctrines polémiques ou connotées.
« Mieux, il est attendu de votre part l’adoption d’une démarche intellectuelle agile, souple, flexible et globale, d’aucuns diraient systémique, dans l’appréhension des problématiques relatives à la défense et à la sécurité de nos Etats. Car, les sujets d’inquiétude prolifèrent au quotidien, qu’il s’agisse de la multiplicité, du caractère hybride et complexe des sources d’instabilité et de conflictualité. Et les réponses qu’il faut leur opposer supposent beaucoup d’audace intellectuelle et d’imagination » a-t-il ajouté.
Enfin sur le choix porté sur le Professeur Mamadou BADJI, Recteur de l’Université Assane SECK de ZIGUINCHOR, pour prononcer la leçon inaugurale, il dira qu’il résulte de la volonté du CHEDS de témoigner sa gratitude au doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques qui, en 2015, n’a ménagé aucun effort pour concrétiser l’avènement du Master Défense, Sécurité et Paix. « Il nous faut frotter nos intelligences à nos propres ronces. A ce propos, je ne doute point que le Professeur BADJI nous édifiera sur la complexité des menaces sécuritaires dans le Sahel et les réponses diplomatiques, parfois brinquebalantes, avec la circonstance atténuante que les efforts diplomatiques, par leur caractère souterrain ou discret, ne sont pas toujours appréciés à leur juste valeur » a-t-il conclu.