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La rareté et la cherté du poisson met en péril un secteur de la pêche jadis prometteur

Alors que le nouveau gouvernement du Sénégal a inscrit parmi ses priorités la prise en charge des urgences économiques et sociales notamment la consolidation de la croissance, l’amélioration des pouvoirs d’achats, la lutte contre la vie chère, l’insertion et l’emploi des jeunes, le secteur de la pêche rencontre des difficultés qui ont une incidence sur la disponibilité du poisson sur le marché. Le produit se fait de plus en plus rare sur les côtes sénégalaises. Une équipe d’Antenne quotidien s’est rendu au marché central au poisson de Pikine pour s’enquérir de la situation. Reportage !

Jadis très animé et bien approvisionné en poissons et autres produits halieutiques, le marché au poisson de Pikine est plutôt calme en cette matinée de jeudi. Le poisson est presque invisible sur certaines tables dont les propriétaires sont sans activité. La raison : la rareté du poisson.

« Tout le monde a constaté le manque de poisson sur le marché. Il est difficile de s’en procurer. La responsabilité est partagée entre les autorités publiques et les pêcheurs. Les pêcheurs ne respectent pas souvent le repos biologique, ce qui peut avoir une conséquence sur la disponibilité du produit. Quant aux autorités, ils ne prennent non seulement pas de sanctions contre ces pêcheurs récalcitrants mais délivrent des licences de pêche aux bateaux étrangers et les Accords de Partenariat Economique (APE) qui appauvrissent de plus en plus nos côtes », Mbaye Mbathie, mareyeur.

« N’eut été l’approvisionnement provenant de la Mauritanie et du Maroc, la situation serait plus désastreuse. Mais il faut constater que malgré tout le manque existe et cela a un impact négatif sur notre chiffre d’affaires qui baisse de 40 à 50% voire même 80% », déplore-t-il, la mine sévère.

« Aujourd’hui le poisson se fait rare et nous ne comprenons rien de la situation. Nos côtes sont presque cédées aux étrangers et les pêcheurs se retrouvent sans activités, prennent les pirogues tenter l’aventure vers l’Europe. Il est tellement difficile de trouver le poisson que l’on ne vend plus par caisse. Ce sont les mauritaniens et les marocains qui nous vendent le carton de poisson dont le prix a triplé », se lamente un vendeur de poisson.

Une autre vendeuse du nom de Fatou Niang embouche la même trompète : « Il est difficile de trouver le poisson frais. Partout dans le marché ce sont les cartons de poisson qui sont vendus. Nos fournisseurs nous disent, au sujet de manque de produits halieutique notamment le poisson, qu’au niveau du port de Dakar, c’est la même situation qui prévaut. Actuellement le prix du carton est passé de 25000 fcfa à 30000 fcfa. Mais nous sommes obligés d’acheter, nous n’avons pas le choix. » Elle ajoute : « les clients viennent toujours mais à un rythme bien plus modéré que dans le passé parce que beaucoup sont ceux qui se rabattent dans les poissonneries de quartier ou bien ils confient leur course aux livreurs. »

Pour une gestion durable des ressources halieutiques, les autorités sénégalaises imposent, depuis 2003, des périodes d’arrêt momentané de la pêche appelées « repos biologique », en zone démersale côtière. Les poissons et crustacés peuvent ainsi se reproduire, croître et se multiplier pendant cette durée. Il revient à la Direction de la pêche de s’assurer du respect de cette période de repos.

Mais cette règle n’est souvent pas respectée par les pêcheurs artisanaux. S’y ajoute l’absence des autorités compétentes qui devraient se charger du suivi pour un respect scrupuleux de cette règle.

Les experts de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) confirment : au large du nord-ouest de l’Afrique, le bonga et la très populaire sardinelle – que l’on retrouve, chez les ménages modestes, dans le thiéboudieune (riz au poisson), le plat national sénégalais – sont « surexploités », lit-on dans un rapport de 2021. Ce phénomène « constitue une menace grave pour la sécurité alimentaire et l’emploi dans la sous-région ». C’est particulièrement vrai au Sénégal, où les prix explosent, alors que le poisson est la première source de protéines animales dans l’alimentation de la population.

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