Finissons-en avec ces burlesques, ces fantasques rigolos nombrilistes (par Aldiouma Dia)

Pour certains putschistes, le coup d’État est une tradition, pour d’autres c’est la réalisation d’une ambition, pour d’autres encore c’est l’art de foutre le bordel dans un pays en marche vers la stabilité.
Mais, il faut de la lucidité pour connaître les raisons cachées d’un coup d’Etat. Les acteurs ne les avouent jamais, au contraire. Aux causes réelles, ils substituent des causes imaginaires. Justement parce que les causes réelles sont souvent égoïstes, cyniques, iniques au point d’être difficilement avouables.
Seulement, il n’y a aucun intérêt à connaître les causes réelles d’un coup d’Etat. Parce que quelqu’un soit les causes ou raisons, un coup d’Etat n’est jamais justifié ou légitime. De même qu’un civil ne peut se proclamer général, colonel ou s’attribuer un quelconque grade d’officier ou sous-officier ou même de soldat de rang, de même un militaire ne doit sous aucun prétexte user de violences, d’armes ou autres artifices pour se hisser à la station de Chef d’Etat. Un civil qui se fait passer pour un officier n’en aura pas la légitimité charismatique puisqu’être officier requiert des compétences particulières. Un officier qui se fait passer pour un Chef d’Etat n’en aura ni légitimité démocratique et populaire ni la légitimité légale.
Imaginez, un instant, un militaire, le vrai, celui qui a l’honneur militaire dans le sang et la dignité du soldat dans les veines troquer son képi ou son uniforme contre les honneurs civils ou les lambris dorés du pouvoir. C’est dire, en des termes plus simples, que les juntes ont choisi la lâcheté quand le pays leur demandait davantage de courage et de sacrifice pour le protéger. Les putschistes, ce sont les militaires qui préfèrent le bonheur à l’honneur, le luxe au service, le prestige au patriotisme.
Et remarquez bien, la débauche d’énergie d’un régime putschiste dans ses stratégies de communication. Remarquez aussi tout l’arsenal mis en œuvre pour manipuler l’opinion. On dirait une usure du pouvoir avant l’heure, un régime finissant dont personne ne veut plus. C’est la marque du manque de légitimité et la caractéristique des usurpateurs.
Les régimes putschistes aussi incarnent mal le mythe du pouvoir. Ils sont toujours entourés d’une garde rapprochée loufoque, dont les compétences en la matière sont aussi incertaines que celles du Président qu’elle est censée garder. La peur qui habite les putschistes dit tout de l’anormalité de leur situation.
Enfin, parlons de la fin du régime putschiste. Elle est souvent tragique. Elle est le moment d’une comptabilité déficitaire où les fruits n’ont pas tenu leur promesse. Ou en même temps, le peu dont disposait le pays a déjà été décimé par un régime inexpérimenté, autoritaire et sans aucun sens de l’écoute.
Alors qu’un changement de régime civil est normalement l’occasion d’une transition prometteuse, la fin d’un régime militaire est appelé « chute ». Le nouvel arrivant fait les mêmes promesses que celui qui le précède, c’est les mêmes réflexes d’imposteurs, de populistes et d’incompétents. C’est la même diatribe sur le prédécesseur, puisque c’est de son incompétence que l’actuel régime doit tirer sa légitimité.
Avez-vous déjà vu un putschiste fraterniser avec son prédécesseur? Chez les civils, c’est monnayé courante, dans les casernes on se passe le témoin sans anicroches. Pourtant dans ces deux précédentes situations, le nouvel arrivant cherche à faire mieux que ses devanciers. Seulement, c’est dans le fair-play, la concurrence saine et la loyauté. Tous ces attributs sont inexistants chez le putschiste. Lui ne connaît que la concurrence meurtrière, le réflexe de survie et l’élimination systématique.
Cela se comprend, les militaires, les vrais sont fiers de leur uniforme, ils ne se sentent à l’aise qu’avec le képi, l’honneur militaire vaut mieux pour eux plus que tout. Je dis, les militaires, les vrais, ceux qui sont compétents, sans faux-semblant ni tricherie encore moins complexe sont droits dans leurs bottes.
Haro! S’en est assez des régimes putschistes, finissons en avant qu’ils nous fassent Hara Kiri. Finissons-en avec ces burlesques, ces fantasques rigolos nombrilistes.
AldioumaDia